Attentats en Espagne : "Daech a envoyé un signal très fort" Le Point - RTL



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Claude Moniquet, ancien journaliste et ancien membre de la DGSE, était invité ce vendredi matin par nos confrères de RTL. Pourquoi Barcelone ? Où en est la menace ? La réponse européenne est-elle suffisante ? Éléments de réponse.

Selon le spécialiste, les deux attaques qui se sont succédé jeudi en Catalogne n'obéissent pas au « modèle qu'on a vu se développer en Europe depuis quelques mois, [celui] du loup solitaire ou des gens qui agissent à un ou deux. Là, on est face à une action très structurée qui a impliqué une dizaine de terroristes avec au moins trois scènes d'actions différentes… On est sur quelque chose qui ressemble beaucoup plus aux attentats de Paris 2015 que ce qu'on a pu voir ces derniers mois. »

Selon lui, « les Espagnols avaient été prévenus, il y a plusieurs mois, par les services de renseignements américains de la probabilité, du risque très élevé d'attentats en Espagne », voire à Barcelone même. « Les Américains ont en effet ouvert un bureau de la CIA dans la capitale catalane afin de lutter contre le terrorisme djihadiste. Cela explique, toujours selon lui, que très vite, les autorités ont confirmé qu'il s'agissait d'une attaque terroriste.

Pourtant, souligne-t-il, malgré le précédent très meurtrier de 2004, où Al-Qaïda avait frappé la gare d'Atocha à Madrid, sans parler des attentats multiples de l'ETA, l'Espagne n'a pas pris de mesures récentes, se pensant à l'abri selon lui, grâce “au coup de balai dans les milieux extrémistes” après 2004, mais aussi parce que, selon lui, “l'Espagne a un problème djihadiste beaucoup moins intense et moins important que la France par exemple…” Pourtant, la région a la réputation d'être la plaque tournante du djihadisme au sud de l'Europe, affirme le quotidien régional L'Indépendant, qui rappelle que “les deux tiers des arrestations” liées au terrorisme islamiste en Espagne ont eu lieu en Catalogne. Citant le ministère de l'Intérieur du gouvernement espagnol, entre 2012 et fin 2016, “une trentaine d'opérations contre des cellules djihadistes ont été menées en Catalogne, qui se sont soldées par l'arrestation de 62 personnes”, rappelle le journal.

Pour Claude Moniquet, le choix de Barcelone tient surtout au symbole. “Frapper l'Espagne, pays de la Reconquista, pays qui a chassé l'islam il y a cinq siècles, ça fait sens pour les islamistes”, juge-t-il.

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Plus inquiétante, selon lui, cette action meurtrière et qui montre une organisation structurée est “un signal fort” lancé par le groupe État islamique, “qui a revendiqué l'attaque dès les premières minutes”. Jusqu'à présent, rappelle le spécialiste, on avait eu [...] des attentats qui ont beaucoup échoué par la nullité, heureusement, de leurs acteurs et par le travail préventif des services. Là, il y a malgré tout, même si ça n'a pas atteint, heureusement, le résultat escompté, une réussite de Daech. »

Une réussite qu'il serait absurde d'attribuer à la défaillance des autorités. Selon lui, « la coopération [européenne] fonctionne bien ». Mais « l'assurance 100 % contre le terrorisme n'existe pas ». « Comment voulez-vous contrôler tout le monde et empêcher les gens d'entrer dans Barcelone ? Ce n'est pas possible », conclut Claude Moniquet.


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