Belgique : La Fusillade de Forest révèle l'existence d'un réseau en lien avec les attentats de Paris et noyau dur d'opérations terroristes



Au lendemain de la fusillade de Forest dans laquelle 4 policiers ont été blessés, un suspect a d’ores et déjà été identifié, tandis qu’au moins 2, sinon 3, sont toujours en fuite. Cette fusillade est depuis l’assaut donné sur l’appartement de Saint Denis du 18 Novembre, le premier incident impliquant l’utilisation d’armes à feu.

Dans le cadre de l’instruction menée à la suite des attentats de Paris du 13 novembre 2015, une perquisition franco-belge (4 enquêteurs belges et 2 français) a été menée, vers 14h15, dans un appartement situé rue du Dries à Forest, l’une des 19 communes qui forment Bruxelles. Cette perquisition était en apparence une opération de routine, censée se dérouler sans heurts particuliers, dans un appartement réputé vide.

Lors de cette opération, au moins 2 individus armés d’un Kalachnikov (AK-47) et d’un riot gun (arme anti-émeute) ont immédiatement ouvert le feu sur les policiers dès l’ouverture de la porte par les forces de l’ordre. Lors de cette première fusillade, 3 policiers, dont une policière française, ont été blessés avant de battre en retraite. Un autre policier belge a par la suite été blessé.

Un suspect armé d’un Kalachnikov a été tué par un tireur d’élite alors qu’il s’apprêtait à ouvrir le feu sur la police depuis une fenêtre. Ce suspect a par la suite été identifié comme étant Mohamed Belcaïd (Belkaïd), un algérien né le 9 juillet 1980, en séjour illégal dans le pays. Il semblerait qu’il ait cherché à retarder la police afin de protéger la fuite des 2 ou 3 autres suspects, ce qui laisse supposer qu’ils avaient un rôle ou un statut plus important que celui de Belcaïd. En outre, un drapeau de l’Etat Islamique ainsi qu’un livre sur la salafisme ont été retrouvés dans l’immeuble.

Les suspects auraient pris la fuite par les toits. Des chargeurs ainsi qu’un AK-47, probablement abandonnés par ces derniers ont par la suite été retrouvés rue de l'Eau à Forest, où de nouveaux coups de feu ont retenti.

Le ministre de l'Intérieur Jan Jambon a indiqué en début de soirée que deux policiers blessés lors de l'intervention avaient pu quitter l'hôpital. Les deux autres sont toujours en état de choc, mais seulement légèrement blessés.

Deux écoles et deux crèches situées dans les alentours immédiats des lieux de la fusillade ont été évacuées tandis que les riverains ne pouvant regagner leur domicile étaient accueillis dans un local technique à proximité.

L’opération et les perquisitions ont duré jusqu’à 03h00 du matin.

A la suite de la fusillade, de nombreuses spéculations ont émergé dans les médias internationaux, visant à déterminer si la commune de Forest pouvait être présentée comme un autre foyer bruxellois de radicalisation islamiste. Il convient dès lors de préciser que là où la commune de Molenbeek était régulièrement montré du doigt ces derniers mois pour sa grande proportion d’individus radicalisés, de réseaux djihadistes et sa montée du communautarisme, la commune de Forest est présentée comme plus paisible, avec une population aux origines très variées. Néanmoins, selon son bourgmestre Marc-Jean Ghyssels, 5 à 10 départs présumés pour la Syrie ont été comptabilisés, sur un total de 54.000 habitants. Par ailleurs, il est à noter que la zone dans laquelle s’est produit l’incident est bordée de terrains vagues et d’immeubles abandonnés propices aux réseaux criminels.

Le parquet confirmait ce mercredi matin que 2 suspects étaient toujours en fuite alors que 2 personnes en lien avec les évènements de la veille avaient été interpellées. A ce sujet, le parquet a fait mention en conférence de presse d’un homme blessé à la jambe, amené à l’hôpital vers 01h15h. L’homme ayant conduit ce dernier à l’hôpital aurait pris la fuite dès l’arrivée des forces de l’ordre dans ce même hôpital. Le blessé a été opéré et n’a pas encore pu être entendu. L’autre personne a été interpellée chaussée de Neerstalle à Forest, elle sera entendue plus tard.

Pour le bien de l’enquête et des opérations qui sont toujours en cours, peu de détails ont été mentionnés sur les suspects lors de cette dernière conférence de presse. De même le parquet n’a répondu aucune question des journalistes.

Le journal la Dernière Heure a par ailleurs diffusé un portrait-robot d’un troisième homme potentiellement recherché, présenté comme un nord-africain, mesurant 1m85 et âgé de 25 à 28 ans. L’homme portait une casquette blanche et serait armé et dangereux.

Notre Directeur Claude Moniquet a par la suite rappelé qu’il s’agissait bien d’une « simple » perquisition de routine, visant un lieu et non des personnes. C’est pourquoi l’opération fut initialement menée par un nombre restreint de policiers, sans équipement particuliers. La présence d’individus à l’intérieur des lieux n’était donc absolument pas prévue. Mr Moniquet a par la suite ajouté qu’il s’agissait très probablement du noyau dur d'une opération terroriste dans la mesure où ces individus, lourdement armés, n'ont montré aucune limite et ont utilisé leurs armes dès qu'ils ont pensé être en danger, tirant à travers le bois de la porte par laquelle la police cherchait à intervenir.

Quoiqu’il en soit cet évènement vient confirmer l’existence d’une cellule ou d’un réseau bruxellois, manifestement opérationnel. Il y a donc fort à parier que l’enquête en cours conduira à d’autres arrestations et  à d’autres perquisitions dans les heures et les jours à venir.

 


© 2012 ESISC - European Strategic Intelligence and Security Center Powered by Advensys