U.S. ELECTION WATCH : les leçons des primaires de l'Iowa



 

 

A la lumière du résultat des caucus de l’Iowa, qui ont surpris nombre d’observateurs en plaçant les candidats Barak Obama et Mike Huckabee en tête de leur parti respectif, voici quelques considérations majeures pour étayer notre analyse sur la manière dont s’engage la présidentielle américaine de 2008.

 

  1. Traditionnellement, l’Iowa n’a jamais constitué un      indicateur fiable de l’issue définitive d’une élection primaire. De      nombreux candidats qui ont finalement obtenu l’investiture de leur parti,      et remporté ensuite la présidentielle n’ont pas réussi à s’imposer dans      l’Iowa. Bill Clinton et George Bush père sont les deux derniers exemples      en date de candidats qui ont perdu l’Iowa et se sont pourtant installés à      la Maison Blanche. Nous assistons à un un marathon et pas d’un      sprint. On peut donc s’attendre à d’importantes variations dans les      prochains mois, et les membres de l’ESISC bénéficieront d’analyses      supplémentaires en fonction de l’évolution de la situation.

 

  1. Les caucus de l’Iowa ont toutefois permis de définir la      nature de la bataille au sein même des rangs républicains comme      démocrates. Les lignes de front se      sont cristalisées et elles différent selon les partis :

 

a)    Du côté des Démocrates, la ligne de partage apparaît nettement : le "changement" d’un côté, "l’expérience" de l’autre. Obama appartient au premier camp, Hillary Clinton à l’autre. La grande surprise, c’est que les jeunes électeurs se sont rassemblés autour d’Obama tandis que les citoyens plus âgés apportaient leur soutien à l’ancienne première dame des Etats-Unis et sénatrice de l’Etat de New York.

 

b)    Du côté des Républicains, les clivages s’articulent autour des lignes religieuses. Le pasteur protestant Mike Huckabee  a remporté une victoire décisive sur Mitt Romney, malgré la puissance financière supérieure de ce dernier. Romney, un Mormon –  une confession religieuse qui a peut-être joué contre lui dans un état où les évangéliques et les  « born again Christians »  ont fait pencher la balance – a laminé Huckabee sur le front des spots télévisés par six à un. Il a fait diffusé des messages politiques négatifs accusant Huckabee d’être "faible sur l’immigration". Il apparaît toutefois que la question de l’immigration n’a pas été aussi prédominante que certains analystes l’avaient prédit. Cela pourrait cependant être différent dans les Etats du sud. Les conservateurs protestants, influencés par les valeurs et la personnalité, ont pourtant donné au candidat Huckabee une crédibilité en vue de l’échéance principale. Cela secoue d’ailleurs l’état-major centriste des Républicains et renvoie le parti à une lutte interne concernant le rôle de la religion dans le gouvernement, thème qui pourrait finalement éloigner le parti d’une majorité des Américains. Ces derniers, bien qu’incroyablement imprégnés par la religion, se sont en effet prononcé systématiquement depuis deux cents ans pour la séparation de l’église et de l’Etat. Huckabee est suffisamment intelligent et responsable pour ne pas empoigner cette arme à double tranchant, mais une focalisation sur la question religieuse lors des prochains débats pourrait finalement le desservir ; tout comme le parti républicain dans son ensemble. Le favori sera le candidat capable de jeter le plus efficacement un pont entre les conservateurs religieux et les tenants du conservatisme fiscal.

 

  1. L’échec de Romney dans l’Iowa renforce les perspectives      de Giuliani et de McCain. Ces deux candidats représentent le versant      laïque – certains diraient centriste – du parti républicain. Ni l’un ni l’autre      de ces termes ne décrit sans doute parfaitement leur pouvoir d’attraction      plus large qui pourrait – en contradiction avec ce que de nombreux      analystes des médias supposent – provenir de leur image respective de  « faucons »      sur la scène internationale. La plupart des médias pensent que leur      soutien respectif à l’interventionnisme américain à l’étranger et      particulièrement leur détermination à mener la guerre contre le terrorisme      de manière proactive et à  « gagner » la guerre en Irak      pourrait les couper d’un électorat qui, si l’on en croit les sondages,      semble regretter son soutien initial - aux deux-tiers - en      faveur de la       guerre. Cette analyse passe sous silence le fait que le président      Bush a gagné il y a trois ans contre John Kerry, le candidat anti-guerre,      par une marge significative de 4 %., écart humiliant pour le perdant selon      les critères propres aux Etats-Unis.. Alors que Huckabee a évité      intelligemment de se prononcer trop fortement sur la question de la guerre      en Irak, Giuliani et McCain inspirent confiance à une large frange d’électeurs      conservateurs, notamment ceux qui se soucient le plus de la lutte contre      le terrorisme. Leur plus dangereux adversaire a été Mitt Romney,      principalement à cause de son trésor de guerre financier et de l’appel du      pied relativement centriste qu’il a lancé aux milieux d’affaires. Mais      Romney pourrait quitter prématurément la scène. Ses électeurs devraient alors      être attirés par Giuliani – dont la stratégie de se concentrer sur des      états plus grands et plus déterminants et de laisser les autres en      découdre dans l’Iowa pourrait finalement s’avérer payante – et McCain, qui      devrait bien se comporter dans le New Hampshire, où il l’avait emporté il      y a sept ans, lors de sa dernière candidature.

 

  1. En matière de chiffres, il n’est guère besoin de sur      interpréter les véritables scores. A moins que le scrutin primaire du New      Hampshire – qui se déroulera dans cinq jours – ne replace Mitt Romney sur      l’orbite électorale ; les candidats significatifs qui resteront sont :

 

a)    Chez les Démocrates : Barak Obama, Hillary Clinton et John Edwards gardent les meilleures chances, puisqu’ils ont fait éclater le scrutin en une course à trois, en éliminant toute autre opposition. Edwards est le plus faible des trois candidats et il semble donc qu’il sera le premier à s’éclipser. La grosse inquiétude de la campagne d’Hillary Clinton serait alors qu’une majorité de ses électeurs ne se reportent sur Obama. Cela pourrait être synonyme de désastre pour elle, d’où l’acharnement déployé désormais par ses conseillers pour définir le profil des électeurs d’Edwards et concevoir une stratégie de nature à les séduire. Les chances de l’ancienne première dame du pays pourraient donc dépendre de la capacité de son équipe de campagne à élaborer et à réussir cette mission. En d’autres termes, la forte impression laissée par Edwards dans l’Iowa a détruit efficacement l’aura d’inéluctabilité qui avait aidé jusqu’ici Hillary Clinton dans son rôle de candidate démocrate, la plus susceptible d’attirer le « centre » et de reprendre la Maison Blanche. Désormais, si elle veut attirer les électeurs d’Edwards, elle pourrait devoir orienter son discours plus à gauche. Cette possibilité comporte toutefois des risques si elle se présente , dans la dernière ligne droite de son combat contre Obama, comme la candidate la plus indiquée pour attirer les électeurs centristes et indécis. l’Iowa aura donc donné un énorme coup de fouet à Obama, confirmé l’attrait de ses idéaux et engendré un douloureux dilemme stratégique pour le camp Clinton.

 

b)    Chez les Républicains : le tiercé est constitué d’Huckabee, de McCain et de Giuliani, Romney ayant démontré qu’il ne pouvait conduire le  « centre» contre les "conservateurs" et l’aile religieuse du parti républicain. Aussi, même s’il s’est affirmé comme un solide second lors de ce "straw poll" initial localisé, nous estimons qu’il pourrait être absent du sprint final.

 

  1. La      principale bonne nouvelle pour l’ensemble des Démocrates est que      leur primaire initiale a attiré deux fois plus d’électeurs que celle des      Républicains. Cela signifie que leur force de mobilisation a été plus      forte qu’en 2004 ou même qu’en 2000. Combiné à leur capacité de récolter bien      davantage de fonds en 2007 que les candidats républicains, c’est plutôt de      bon augure en vue de l’ultime confrontation entre les deux partis. Cela      étant, le parti républicain peut encore modifier l’équilibre entre puissance,      argent et mobilisation de l’électorat. Il faut également noter que Ron      Paul, seul candidat républicain à se définir lui-même comme un      conservateur opposé à la guerre, a rallié sur son nom un pourcentage      significatif – 10 % - du "straw poll" conservateur. Cela      ouvre donc la possibilité d’un report de voix important du parti      républicain vers le parti démocrate. Si on examine l’histoire des partis      politiques américains sur une longue période, il faut garder à l’esprit      que sur les questions importantes et déterminantes, les chefs de file      républicains et démocrates ont montré à des moments critiques de l’Histoire      leur capacité a modifier sensiblement leur pouvoir de séduction auprès des      électeurs. Les Républicains ont ainsi longtemps bénéficié d’une image progressiste.      Après tout, c’est Abraham Lincoln qui a aboli l’esclavage et qui a mené la      guerre la plus sanglante de l’histoire américaine pour défendre le choix      du gouvernement fédéral d’étendre – finalement – les droits garantis par la      constitution américaine à tous les citoyens, quelle que soit leur race. Il      faut également se souvenir que les engagements militaires les plus      importants de l’histoire des Etats-Unis ont été conduits par des      présidents démocrates internationalistes.

 

Cette élection est extrêmement intéressante dans le sens où les Etats-Unis sont prêts pour un changement significatif et où les deux partis ont l’opportunité de redéfinir leurs valeurs fondamentales et l’électorat qu’ils souhaitent séduire. Ce facteur intangible, bien que très réel, offre une plus grande opportunité aux Démocrates qu’aux Républicains qui, dans une certaine mesure, seront associés aux décisions prises par la Maison Blanche depuis sept ans.

 

Bien que le parti démocrate bénéficie en effet des faits susmentionnés et des opportunités potentielles clarifiées par les caucus de l’Iowa, il serait prématuré de conclure qu’il obtiendra obligatoirement les clefs de la Maison Blanche en 2008. Si le parti tirera globalement profit d’une plus grande mobilisation électorale, d’un désir général de changement et d’une opportunité de redéfinir les bases de son audience populaire, certaines évolutions potentielles peuvent aider les Républicains à conserver le pouvoir à l’automne.

 

  1. Les      Républicains sont ressortis des caucus de l’Iowa plus dispersés et moins      mobilisés que les Démocrates. Le parti républicain conserve toutefois une      chance de remporter la course à la présidence en 2008. Les      événements et les facteurs qui peuvent jouer en leur faveur sont les      suivants :

 

a)    La résolution de la question en suspens : l’Amérique est-elle véritablement en guerre ? Pendant que de nombreux jeunes américains risquent leur vie à l’étranger, en tant que membres volontaires ou professionnels des forces armées, le pays dans son ensemble ne ressent pas qu’il est, au sens traditionnel,  « en guerre ». L’Amérique n’est pas  « mobilisée ». Cela pourrait changer et, dans ce cas, entraîner une large proportion de l’opinion vers le camp républicain. Par exemple, une attaque terroriste marquante sur le sol américain aurait certainement une incidence sur les priorités de l’électorat moyen et rapprocherait l’opinion publique d’une politique étrangère va-t’en-guerre. Giuliani, à qui la plupart des Américains ont accordé à nouveau leur confiance et qu’ils ont admiré dans le contexte des attentats du 11 septembre, est le dernier faucon. A l’époque où la plupart des Américains étaient en état de choc et rivés à leur écran de télévision, en quête de réponses, Giuliani a affiché davantage une image de chef et inspiré davantage confiance que le président lui-même. En fait, il a semblé plus actif, plus ferme, plus clair, plus calme et plus déterminé que tout autre dirigeant fédéral. La faiblesse de Giuliani sur le front de la religion et de la foi au sein de l’électorat de base républicain peut-être compensée par l’image de chef audacieux, ferme et résistant qu’il dégage. Evidemment, si les Américains moyens ne considèrent pas leur pays en guerre et s’ils deviennent plus préoccupés par les questions intérieures, un candidat comme Giuliani peut être particulièrement vulnérable aux attaques négatives par spots interposés (que des organisations proches des Démocrates et influentes auprès de l’opinion, telles que MoveOn.org et d’autres, ont déjà mis en chantier). Alors que le palmarès de Giuliani comme maire de New York est impressionnant à bien des égards – il a amélioré la sécurité publique de manière radicale et dirigé la ville sous une ère de prospérité – on peut s’attendre à voir les Démocrates l’attaquer sur plusieurs décisions sociales controversées qu’il a prises en tant que maire, et ressortir des placards quelques cadavres et coups tordus que tout maire d’une grande ville accumule au cours d’un mandat.

 

Mais pourquoi, me direz-vous, s’attarder sur Giuliani alors que le candidat qui a gagné la bataille de l’Iowa s’appelle Huckabee. La raison principale, comme nous l’avons déjà souligné, c’est que Romney n’a pas réussi à se hisser à la première place et que ce résultat peut propulser Giuliani en tête, ce que tendent à confirmer des sondages nationaux – à l’opposé des électeurs de l’Iowa.

 

Note : les rumeurs d’un ticket Giuliani-McCain gagnent du terrain (McCain serait vice-président). Si ces rumeurs se concrétisent, McCain pourrait augmenter sensiblement les chances d’un candidat comme Giuliani de s’emparer du centre politique.

 

Un autre avantage potentiel du candidat républicain réside dans la perspective d’une augmentation radicale du financement après les primaires. D’où la raison qui suit de ne pas sous-estimer les chances d’un tandem républicain :

 

b)    Les perspectives d’un financement accru : alors que les Démocrates ont récolté davantage d’argent lors des primaires, il faut savoir que les principaux lobbies industriels (PIL), conduits par le complexe militaro-industriel, l’industrie pétrolière et les industries chimiques et pharmaceutiques, ont dû abattre leurs cartes en toute sécurité. Ils ont ainsi apporté beaucoup d’argent aux candidats démocrates lors des premières phases de cette élection afin de couvrir leur position d’entrée et éviter l’émergence d’un candidat radicalement opposé à leurs intérêts essentiels. Etant donné que les Démocrates détiennent les deux chambres du Congrès et semblent actuellement plus aptes à s’attirer le soutien de l’opinion pour leur opposition à des lobbies aussi puissants lors de la campagne présidentielle, les lobbies ont intelligemment injecté suffisamment d’argent dans les campagnes des Démocrates de pointe pour neutraliser la teneur de leurs attaques. Toutefois, une fois que les candidats de premier plan auront émergé, les PIL peuvent décider que les projets des Démocrates en faveur d’un programme environnemental, d’une réduction de la dépendance américaine par rapport au pétrole étranger, d’un retrait des zones de conflit et d’une réforme de l’industrie de la santé peuvent constituer une menace réelle pour leurs intérêts. Et dans ce cas, ils pourraient commencer à faire remonter encore plus d’argent vers le ticket républicain.

 

c)     Personnalité contre crédibilité. Un facteur pourrait jouer en faveur du parti républicain : tous ses candidats de pointe sont en effet perçus avec un équilibre plutôt bon entre charme personnel et crédibilité professionnelle. Alors que les Démocrates se déchirent sur les lignes du changement contre l’expérience ; de la sympathie et de l’idéalisme (Obama) contre l’efficacité et la crédibilité (Hillary Clinton), les principaux candidats républicains ne souffrent pas de ce type de dichotomie. Si le leader républicain qui émergera réussit à apprivoiser le délicat dilemme de la laïcité et de la place de la religion en politique, ils pourront alors se retrouver dans une position susceptible d’attirer une frange significative d’électeurs indécis. A l’inverse des Démocrates, les principaux Républicains ne se présentent pas aux électeurs avec le même dilemme sympathie contre crédibilité. Peut-être cette analyse sous-estime-t-elle la capacité d’Hillary Clinton à accroître son capital sympathie. Ou peut-être sous-estime-t-elle celle d’Obama à compenser sa sincérité affichée par une grandeur de vision. Mais une chose est certaine. En se confrontant directement, Hillary Clinton et Obama sont susceptibles d’entrer en collision et d’exposer leurs faiblesses respectives, laissant le vainqueur avec un problème d’image critique, peut-être irréversible, avant de se frotter au candidat républicain de pointe. La "sympathie" n’est pas essentielle pour enlever la Maison Blanche (Bush père et Nixon n’étaient pas particulièrement  « sympathiques »), et ni l’expérience ni l’âge ne sont des conditions indispensables (Kennedy et Clinton manquaient des deux mais ont su compenser cette lacune par des talents exceptionnels de communicants). Le fait que leurs rivaux républicains possèdent un bon équilibre entre personnalités sympathiques et crédibilité doit toutefois être pris en considération. Examinons-les un par un.

 

Huckabee dégage une impression de franchise. Quelqu’un qu’on pourrait aimer même si on ne partage pas ses opinions sur certains sujets. Pour beaucoup d’Américains, son vécu religieux modeste et plutôt insignifiant est un plus. Les Etats-Unis sont après tout le pays qui compte le plus de lieux de culte (dont des églises, des synagogues et des mosquées) par habitant au monde. Il dispose de la capacité à séduire les protestants américains tout en n’effrayant pas les électeurs laïques, grâce notamment à une humilité et un humour suffisants pour dégonfler toute question provocatrice concernant la religion. Cela peut lui permettre en fait de combler le fossé existant entre les conservateurs fiscaux et les conservateurs religieux (un fossé qui peut nuire à la cohérence du vote conservateur).

McCain est généralement populaire, notamment auprès de nombreux Démocrates, malgré sa position sur l’Irak. Alors que son âge est perçu comme un handicap par de nombreux – jeunes – analystes des médias, les retraités représentent en fait une très large part, influente et couvrant toutes les mouvances du parti et de son électorat. A leurs yeux, l’âge ne constitue pas un handicap. Pour certains, il peut même représenter une confirmation de l’importance et de la place de leur tranche d’âge dans la société. Si Obama est le chef de file des candidats démocrates, l’âge, l’expérience et la respectabilité de McCain peuvent en fait se transformer en un avantage déterminant pour lui. De nombreux partisans parmi les plus âgés d’Hillary peuvent se tourner vers lui plutôt que vers Obama. Même si McCain vise simplement la vice-présidence, cela pourrait renforcer n’importe quel ticket républicain.

En ce qui concerne les chances de Giuliani, elles pourraient bien être minimisées par les "news people" diffusées en continu au lendemain du scrutin de l’Iowa (Giuliani n’y a en effet pratiquement consacré aucun effort, préférant se concentrer à la place sur les états plus importants qui auront une incidence décisive plus tard dans les primaires). Toutefois, Giuliani continue à être placé très haut dans les sondages nationaux dans le cœur des sympathisants républicains. Ses deux mandats de maire de New York lui confèrent autant d’expérience que tout homme politique peut acquérir. Il est également primordial de considérer qu’il a conquis la mairie de New York bien que l’intelligentsia new yorkaise penche essentiellement à gauche. L’homme a une capacité avérée à décrocher des soutiens au-delà des lignes du parti.

                       

 

Notes de conclusion :

 

1) Aucune analyse tentant de prédire l’issue de l’élection présidentielle de 2008 à la lumière des résultats de l’Iowa et du prochain scrutin du New Hampshire ne devrait être considérée comme fiable. Les paris ne seront ouverts qu’une fois les finalistes de chaque parti connus.

 

2)Malgré leurs performances modestes dans l’Iowa, Hillary Clinton et Rudolph Giuliani conservent encore une chance. Il vaut mieux pour leurs intérêts que les autres candidats restent en course le plus longtemps possible. Hillary Clinton serait exposée au maximum si Edwards se retirait prématurément et si les partisans de ce dernier se reportaient sur Obama. De la même manière, Giuliani serait bien inspiré de ne pas s’opposer trop directement et prématurément à Huckabee. En laissant cette tâche à Mitt Romney (avant le scrutin de l’Iowa, ce dernier a diffusé des spots négatifs vis-à-vis d’Huckabee dont la plupart ont eu un effet-boomerang désastreux), il a manœuvré intelligemment.

 

3)Les victoires d’Obama et d’Huckabee ont dynamisé cette élection, c’est indéniable. L’aptitude des Etats-Unis à un renouveau qui pourrait constituer le plus gros atout du pays, dépend de la capacité de son système politique à produire un tel bouleversement. Les états-majors des deux partis sont désormais au pied du mur. Cela est de bon augure pour la qualité du débat dans les prochains mois et cela pourrait attirer l’attention de la classe politique sur les questions les plus urgentes du pays.

 

4)   D’un point de vue mondial, étant donné l’envolée du prix du baril de pétrole, des difficultés du marché intérieur, de la chute du dollar et des doutes qui entourent la capacité de l’Amérique à asseoir efficacement son hégémonie internationale, ce coup d’envoi dynamique de la campagne présidentielle 2008 est plutôt une bonne nouvelle. La nation la plus puissante de la planète est ainsi une démocratie vigoureuse. Alors que les lobbies puissants de l’industrie vont poursuivre leur influence significative, l’équilibre actuel entre les candidats est tel que ceux qui font la pluie et le beau temps sur K Street à Washington se grattent la tête pour savoir qui soutenir.

 

Pour toutes les raisons qui précèdent, cette élection promet d’être la bataille politique la plus intéressante et la plus à même de provoquer le changement depuis des décennies. A l’étranger, les observateurs dont les affaires et les décisions personnelles sont susceptibles d’être affectées par la politique mondiale de l’Amérique feraient bien de garder un œil attentif sur ce processus lors des prochains mois. L’ESISC continuera à fournir des analyses indépendantes lors des moments décisifs de cette course à la présidence.

 

 

 

 

 

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