Dans la nuit du samedi 12 au dimanche 13 juin, au moins 50 personnes ont été tuées et 53 trois autres blessées lorsqu’un homme a ouvert le feu dans une boite de nuit de la communauté LGBT de Orlando, en Floride. L’homme, qui s’est revendiqué de l’Etat Islamique, a finalement été abattu par la police.
Les premiers éléments disponibles permettent de dresser un profil provisoire de l’homme responsable de la pire tuerie de masse de toute l’histoire américaine et du plus grave attentat commis sur le sol américain depuis le 11 septembre 2001, et de souligner la responsabilité de l’E.I. dans une action qui aura, n’en doutons pas, des conséquences sur le « positionnement » des Etats-Unis dans la crise syrienne.
Ces deux épisodes avaient entraîné plusieurs interrogatoires et même, semble-t-il, une surveillance physique de courte durée mais aucun lien concret avec le terrorisme n’avait été décelé et son dossier n’avait pas été considéré comme une priorité, avant d’être classé.
Reste évidemment « la » question : l’attaque du club d’Orlando est-elle un crime de haine ou un crime inspiré par l’E.I.?
Les éléments dont nous disposons n’indiquent pas de lien structurel avec l’Etat islamique et il semble acquis que Mateen ne s’est pas rendu en Syrie ou en Irak. Les ordinateurs, les téléphones et la documentation saisis à son domicile permettront rapidement de préciser si l’attaque de dimanche matin a été précédée de contacts particuliers et révélateurs, mais à l’heure où nous clôturons ce briefing, il est acquis que :
Sous réserve de ce que révélera l’enquête, on peut penser que l’attentat n’a pas été organisé ni dirigé ou même « incité » par l’E.I. mais que l’idéologie de cette organisation et sa haine connue des homosexuels (horriblement persécutés dans les zones sous son contrôle) ont offert à Omar Mateen la « justification morale et politique » de ses actes, probablement motivés par l’homophobie.
Il n’en reste pas moins que la « revendication croisée » (par l’auteur du massacre d’une part et par l’E.I. d’autre part) permet de rattacher cet attentat à l’Etat Islamique et est en adéquation complète à la fois avec la consigne générale donnée aux sympathisants américains et britanniques de ne pas tenter de gagner le Moyen Orient mais de commettre des attentats dans leur pays et avec l’appel particulier lancé avant le Ramadan à commettre le plus d’attentats possibles durant ce mois.
En définitive, donc, dans sa propagande, l’Etat Islamique pourra prétendre être « à l’origine » de l’attentat le plus meurtrier commis sur le sol américain depuis le 11 septembre. Mais il administre aussi une nouvelle preuve de la dangerosité de sa stratégie opportuniste visant à offrir, aux extrémistes et déséquilibrés, que ce soit par l’incitation ou par la récupération a posteriori, une « idéologie fourre-tout » qui a fait de l’E.I. un véritable « do-it-yourself » de la terreur.
FIN.
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[1] Le père de Mateen accuse Kaboul et Islamabad d’avoir trahi la communauté pashtoune en ne remettant pas en cause la « Ligne Durand » (tracée en 1893, la « ligne Durand » délimitait les zones gouvernées par la Grande-Bretagne et celles jouissant d’une certaine indépendance ; la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan suit cette délimitation et sépare les Pashtounes des deux Etats). S’étant récemment présenté, sur une chaîne de télévision par Internet (Payam-e-Afghan), comme le président légitime de l’Afghanistan, il poste régulièrement des messages et vidéos qui intriguent par leur incohérence. Son soutien aux Talibans semble toutefois motivé davantage par son adhésion au nationalisme pashtoun que par une vision radicale.
[2] Américain d’origine palestinienne Abusalha est le premier Américain à s’être fait exploser dans un attentat suicide en Syrie, pour le compte du Front al-Nusra.