Autorité palestinienne : l'heure de vérité



 

 

Les urnes ont donc parlé : le Hamas pourrait se trouver en position de former le future gouvernement palestinien. Ou, à tout le moins, d’y participer avec un poids déterminant. N’en doutons pas : cette victoire des islamistes radicaux sera, à terme, un échec pour la démocratie en Palestine. Le Hamas n’est pas seulement porteur d’une idéologie de haine à l’égard d’Israël qu’il voue à la destruction, mais également d’un projet de société islamiste dont, probablement, ne veut pas la majorité des Palestiniens.
Mais alors, dira-t-on, pourquoi ont-ils voté pour cette organisation ? La réponse tient en quelques mots : pour condamner la corruption et l’incurie du Fatah. Depuis que l’Autorité palestinienne a vu le jour, sa corruption est endémique. Les principaux postes de pouvoir ont été distribués à des cadres de « l’extérieur » rentrés de Tunis et à quelques responsables « de l’intérieur » issus des rangs de la première Intifada. S’il s’est trouvé parmi eux quelques hommes valables, un grand nombre d’entre eux, malheureusement, n’a eu de cesse que de se remplir les poches. Où sont les écoles, les hôpitaux, les entreprises dont les centaines de millions de dollars de l’Union européenne auraient dû permettre l’éclosion ? Où est la politique familiale dont les Palestiniens ont un besoin urgent ?
L’argent de la communauté internationale s’est retrouvé dans les poches de quelques-uns et sur des comptes étrangers (contrôlés, à une époque, par l’entourage de Yasser Arafat). Les Palestiniens, eux, ont eu droit au chômage et à la misère. Avec toujours la même excuse : « C’est la faute à Israël ! » Non seulement les dirigeants de l’AP se sont révélés être des corrompus mais, pire encore, ils ont été des incapables. Incapables de gérer les affaires publiques, incapables de redresser la barre de l’économie, incapables de tenir leurs engagements internationaux. Et aujourd’hui, après avoir failli à désarmer et à dissoudre les groupes radicaux, comme l’y obligeaient pourtant la « Feuille de route », l’AP, par sa corruption et son inefficacité chroniques, a permis aux plus dangereux d’entre eux d’arriver à portée du pouvoir.
C’est l’heure de vérité pour le Fatah et la société civile palestinienne : comment vont-ils gérer cette transition ? C’est l’heure de vérité, également, pour le Hamas lui-même : ses dirigeants vont-ils comprendre que leur seule chance d’être acceptés (et d’abord, bien entendu par Israël, incontournable partenaire de négociations) est de renoncer à leur charte, de désarmer et de tourner le dos au terrorisme ? C’est l’heure de vérité, enfin, pour la communauté internationale. Washington a déjà fait savoir que les Etats-Unis n’auraient aucune relation avec une AP au gouvernement de laquelle participerait un Hamas qui n’aurait pas renoncé au terrorisme.
Que fera l’Union européenne qui souhaite être l’un des « grands joueurs » de la partie d’échecs du Moyen-Orient ? On veut croire que sur ce dossier comme sur celui de la Syrie et de l’Iran, Bruxelles sera solidaire de son grand partenaire atlantique. Car le message à envoyer à Ramallah est univoque : le Hamas n’est pas un partenaire acceptable !  


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