Une menace toujours présente



 

 

Londres, Copenhague puis Francfort : à trois reprises, en un peu plus de deux mois, le terrorisme islamiste est venu se rappeler à notre bon souvenir. L’absence d’attentat majeur en Europe depuis ceux de Londres, le 7 juillet 2005, aurait pu faire croire que la menace avait disparu ou, du moins, que son niveau avait diminué. Il n’en est rien, hélas.

Le 28 juin, deux véhicules piégés qui auraient pu faire des centaines de morts étaient désamorcés en plein cœur de Londres. Le surlendemain, deux kamikazes tentaient de faire exploser une autre voiture dans le hall des départs de l’aéroport de Glasgow.   Hier, à Copenhague, huit islamistes suspectés de « préparer un acte terroriste impliquant des explosifs » étaient interpellés à Copenhague, à quelques heures de l’ouverture du procès de quatre autres suspects poursuivis, eux, pour un attentat déjoué à l’automne 2006. En Allemagne ce matin, enfin, trois hommes appartenant à « une organisation à motivation islamiste » étaient arrêtés alors qu’ils se trouvaient à un « stade avancé de préparation » d’attentats contre l’aéroport de Francfort et la base américaine de Ramstein, qui occupe une place centrale dans la logistique américaine pour les opérations en Irak et en Afghanistan. Dans les trois cas, on se trouve nettement en face de suspects appartenant à la « mouvance al-Qaïda ».

On peut penser que ces attentats sont liés à la présence des Britanniques, des Danois et des Allemands en Irak mais aussi en Afghanistan. Car l’Irak n’est plus la seule motivation des terroristes – il n’a d’ailleurs jamais été leur unique mobile, n’en déplaise à ceux qui désignent complaisamment « l’aventure américaine » en Mésopotamie comme la source unique de tous les maux. L’Afghanistan occupe toute sa place dans l’écheveau complexe des raisons qui « justifient » l’action des islamistes.

Le Commissaire européen à la Justice et aux Affaires intérieures, M. Franco Frattini, déclarait ce matin devant le Parlement européen que « la menace de nouveaux attentats terroristes continue à être élevée ». Et de citer, comme cibles potentielles, l’Espagne, l’Italie, la Belgique et la Grande-Bretagne. On le voit, il aurait pu y ajouter le Danemark et l’Allemagne. Ou encore, la France, désignée à plusieurs reprises ces derniers mois comme un objectif désirable.

On ne peut donc pas s’y tromper : au-delà des crises irakiennes et afghanes, ce sont les Etats-Unis mais aussi l’ensemble de l’Europe qui sont à la merci des terroristes. De même, bien entendu, que les pays musulmans qui tentent de faire barrage à l’extrémisme, comme le Maroc, la Tunisie ou encore la Jordanie.  Les prétextes ne manquent pas, depuis notre présence dans des zones de crise ouverte jusqu’au soutien à la stabilisation en Irak, en passant par la crise des caricatures de Mahomet (de nouvelles menaces très précises ont été émises dans ce cadre ces derniers jours) ou, simplement, le modèle laïc qui est celui de nombreux Etats européens et qui est insupportable aux fascistes verts. En définitive, les islamistes cherchent à nous frapper autant pour ce que nous faisons que pour ce que nous sommes : des sociétés ouvertes, démocratiques, humanistes et dans lesquelles tous les citoyens sont égaux devant la loi. Un cauchemar pour les tenants du Califat. Qu’on ne s’y trompe pas, donc : si le sang n’a pas coulé en Europe depuis l’été 2005, ce n’est pas parce que l’adversaire avait renoncé à ses desseins. C’est parce que police et services de renseignement accomplissent un travail remarquable qui se solde par des arrestations fréquentes. Mais il faut se préparer au pire car si la chance est indispensable à ceux qui assurent notre sécurité, elle peut tourner à tout moment. Et ce jour là, l’horreur sera de retour sur le vieux continent.

© ESISC 2007.


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